jeudi 27 septembre 2012

La sorcière


Maria était une très jolie femme. Aujourd'hui, si la beauté extérieure est un atout, à cette époque, c'était tout le contraire. Nous sommes en 1692, et Maria, qui arrive d'on ne sait où, arrive dans la petite municipalité de Beverly, près de Boston.
Elle entre dans la taverne locale pour demander où elle pourrait s'installer et dormir pour les trois prochaines semaines. Le barman arrive à peine à décoder ce qu'elle veut. L'anglais de la jeune fille est médiocre et son accent espagnol rend la tâche difficile pour le barman, mais il réussit tout de même à saisir ce qu'elle veut. Méfiant, il lui signale que, généralement, aucune femme ne doit entrer dans son bar. Le barman indique tout de même à la belle Maria comment se rendre à l'auberge du village.
Pendant ce temps, elle remarque quelques hommes, en pleine partie de poker, qui chuchotent en regardant en sa direction. Maria, n'en faisant pas de cas, sortie de la taverne pour se rendre à l'auberge.
Pendant le trajet pour se rendre à l'auberge, Maria se sentait observée, épiée et ressentait un profond malaise. Il était évident que les gens du village l'avaient remarquée et qu'elle était l'objet de discussions. Elle entra dans l'auberge et fit la connaissance de Sir William, un homme charmant qui semblait dévoué et qui était prêt à tout pour rendre le meilleur service client qui soit. Maria s'informa du prix de la chambre et paya le tout comptant, ce qui était assez rare à cette époque. Sir William aida la jeune femme à transporter ses bagages jusqu'à sa chambre.
Intrigué par la belle étrangère, le petit Samuel cogna à sa porte pour faire sa connaissance. Lorsqu'il entra dans sa chambre, quelle ne fut pas sa surprise de voir la quantité de livres qu'elle possédait, ce qui n'était pas commun. Maria lui raconta plusieurs de ses aventures et ils passèrent ensemble un bon moment.
Le dimanche suivant, les villageois étaient outrés de voir que la belle Maria ne s'était pas présentée à la messe dominicale. Et lorsque le petit Samuel raconta à sa cousine Betty qu'il avait vu dans sa chambre une quantité impressionnante de livres, Betty était convaincue que l'étrangère était une sorcière et... la rumeur continua de faire son chemin. Certains racontaient même que cette femme s'était probablement enfuie de Salem et qu'elle était venue se réfugier dans leur petite localité.
Le lendemain, le petit Samuel ne se sentait pas très bien. Son père l'examina pour se rendre compte qu'il était bouillant de fièvre. Prit de convulsions, Sir William, très inquiet, couru chercher le médecin du village. Le médecin examina le jeune garçon et ne savait pas du tout ce qu'il avait. Impuissant, il déclara à Sir William qu'il ne pouvait rien pour lui, qu'il devait surveiller son état et revenir le voir si sa santé se détériorait. Maria qui avait eu connaissance de ce qui se passait entra dans la chambre du garçon.
- Sir William, je peux guérir votre fils, dit Maria d'un air déterminé.
- Ne l'écoutez pas ! Cette femme est une sorcière et pourrait tuer votre garçon, implora le médecin.
Après un court moment de réflexion, Sir William donna congé au médecin et autorisa la belle Maria à faire ce qu'il fallait pour guérir son fils. Maria prépara donc une crème à partir de plantes médicinales qu'elle appliqua autour du cou de Samuel. Elle prépara également une potion qu'elle fit boire au jeune garçon.
Contre toute attente, le jeune garçon commença à prendre du mieux et, au bout de deux jours, fut complètement rétablit.
Sir William était très heureux du dénouement et ne cessait de remercier Maria pour cet exploit. Pendant ce temps, le docteur, probablement par jalousie ou par peur de perdre son poste de « médecin du village » racontait, à qui voulait l'entendre, que Maria était une véritable sorcière et que c'était par d'étranges incantations qu'elle était parvenue à guérir le fils de l'aubergiste. Puisque le curé du village n'appréciait guère la présence de la nouvelle étrangère et qu'elle ne s'était pas présentée à la cérémonie du village, il n'eut pas eu de difficulté à convaincre les autres villageois qu'elle était possédée du démon. Les autres femmes du village, jalouses de la grande beauté de Maria, avaient peu qu'elle envoûte leur mari. Tous étaient d'accord pour l'accuser de sorcellerie. Le curé et le médecin en tête, accompagné de la quasi-totalité des villageois se rendirent à l'auberge pour s'emparer de la sorcière, pour la juger et la faire brûler vive. Arrivés à l'auberge, Sir William se tenait devant la porte d'entrée pour leur bloquer le passage.
- Je suis désolé mes amis, mais vous n'assassinerez pas celle qui a sauvé la vie de mon fils.
- Ne t'en mêle pas mon ami. Cette femme, même si elle a sauvé ton fils, doit mourir, car la guérison de ton fils est l'œuvre du démon, répondit le curé.
- Si vous voulez vous emparer d'elle, vous devrez d'abord me passer sur le corps. Je ne bougerai pas d'ici.

Le forgeron, un homme immensément grand et costaud, n'eut pas de difficulté à bousculer l'aubergiste pour qu'il libère le passage. Tous entrèrent en trombe, en criant « mort à la sorcière », et se rendirent à la chambre de Maria. Arrivés à la chambre, Maria avait disparue. Pendant que Sir William faisait diversion, elle s'était enfuie, aidée par le petit Samuel.
* * * * *
Ce qui est particulier dans cette histoire, c'est que les villageois n'avaient pas vraiment besoin de juger Maria avant de l'envoyer au bûcher, parce qu'ils l'avaient déjà jugée, à l'instant où elle avait fait son entrée dans le village. La différence sociale fait peur. Est-ce par jalousie, mesquinerie ou simplement la peur de se sentir inférieur que les gens agissent ainsi ? Je ne sais pas. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'aujourd'hui, heureusement, on ne brûle plus les gens parce qu'ils sont différents. Bien sûr, la différence sociale dérange toujours autant, mais les conséquences sont beaucoup moins fâcheuses.
Vous avez des vêtements qui sortent de l'ordinaire ? Vous écoutez un style musical différent des autres ? Vous lisez des livres étranges aux yeux des autres ? Vous élevez votre enfant d'une manière particulière ? Vous exercez un métier hors norme ? Vous êtes marginal et vous ne suivez pas la norme sociale ? Ne vous en faites pas, vous n'êtes pas seul et vous ne serez pas envoyé au bûcher.
Si vous ne supportez pas le fait d'être jugé par les autres, voici quelques conseils :
1- « Tout le monde voudrait que tout le monde les aime, mais personne n'aime tout le monde ». Ces paroles de chanson de Luc de la Rochelière traduisent bien le fait qu'il soit normal de ne pas être aimé par tous. Certains sont jaloux ou ont simplement peur de votre différence. D'autres ne supportent tout simplement pas votre façon d'agir parce qu'elle est tellement différente des paramètres qu'ils connaissent (langue, culture, valeurs, visions, ...). Acceptez le fait que vous ne pouvez pas être aimé de tous et, ainsi, le jugement des autres envers vous devrait avoir moins d'effet sur vous.
2- Utilisez la méthode du filtre : Vous avez entendu des commentaires désobligeants à votre sujet ? Analysez les propos tenus, de façon objective, en vous posant ces quelques questions :
a. La personne qui a émit les propos était-elle bien intentionnée ? Si non, vous ne devriez jamais tenir rigueur des propos tenus.
b. Les commentaires émis peuvent-ils vous aider à vous améliorer. Il ne s'agit peut-être que d'une perception de votre part qui est altérée par la réalité. Ce qui vous apparaît au départ comme étant de simples ragots comportent peut-être une bonne part de vérité. À vous de voir comment vous pourriez vous améliorer et amener les autres à avoir une perception plus positives en ce qui vous concerne.
3- Ajoutez de la valeur à votre personnalité : jouez la carte de la séduction. Vous êtes différent ? Qu'à cela ne tienne. Si vous êtes gentil envers votre entourage et que vous contribuez positivement à améliorer le sort de votre communauté, les gens auront certainement une meilleure perception à votre sujet. Impliquez-vous comme bénévole, participez aux activités sociales et communautaires, organisez une levée de fonds pour une cause, voilà quelques idées qui devraient vous aider à vous faire mieux accepter par la société.
4- Soyez fort de vos propres convictions : Rien ne vous oblige à vous conformer socialement et à faire comme tout le monde. Mais, en contre partie, soyez prêt à accepter que cette différence peut déranger et faire en sorte que vous soyez l'objet de commentaires et de remarques à votre sujet.
5- La réalité est possiblement différente de votre perception : Enfin, il est possible que vous croyiez que personne ne vous aime et que tous sont contre vous. Dans les faits, c'est peut-être tout le contraire. Vous voulez en avoir le cœur net ? Prenez cinq personnes, amis ou non, ça n'a aucune importance, et demandez-leur quelle est leur perception à votre sujet. Je suis convaincu que vous aurez d'agréables surprises. Nous avons souvent tendance à se juger et à se percevoir beaucoup plus sévèrement que la plupart des gens envers nous.

N'oubliez pas : si nous étions tous pareils, nous aurions une société morne et moribonde. C'est la différence et la diversité sociale qui fait la beauté et la force de notre monde. Vous êtes unique et particulier et c'est très bien ainsi.
Dany Landry

2 commentaires:

  1. Les différences sont un enrichissement indispensable.Il nous suffit de voir le mélanges= des musiques pour s'en convaincre.
    fanfan

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  2. C'est la différence qui m'as permit d'évoluer...C'est simple, dans un groupe qui a les mêmes convictions, les mêmes opinions, aucune évolution n'est possible.....

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