jeudi 13 septembre 2012

Septembre ! Pan ! Nos amis chasseurs sont sur le pied de guerre …


Charlie Hebdo – 12 septembre 2012 – Fabrice Nicolino

…et s’apprêtent à flinguer trente millions d’animaux sauvages pendant la saison. Mais ce n’est pas assez. Les génocideurs râlent.
Clampins de France, conducteurs de 4X4, amateurs de tueries, voici enfin revenue la belle période de la chasse. Depuis le 9 septembre, 1,2 millions de chasseurs ont le droit de flinguer tout ce bouge, ou presque.
Quatre-vingt-onze espèces sont « chassables », du blaireau au renard, du canard à l’oie, de la grive au pigeon, du sanglier au chevreuil.  Officiellement, 30 millions d’animaux sauvages sont butés chaque année, dont 25 millions d’oiseaux et parmi eux, trois quart de migrateurs sans papiers. Fallait pas venir : la France est championne d’Europe du nombre de chasseurs et de bêtes tuées.
Ca devrait leur suffire. Mais ça ne suffira jamais. Extrait du dernier édito de La chasse dans le Pas-de-Calais, signé par le vice-président de la fédé de chasse : « Préparons-nous au combat ! Devant leur idéal débile [il cible les protecteurs d’animaux], bien décidés de ne plus subir mais d’agir, nous allons rameuter les consciences, tisser des alliances avec tous les acteurs ruraux pour mettre en œuvre un  plan d’action. »
Trop de sangliers tue les sangliers
De son côté, le président de la fédé de chasse de la Loire, Gérard Aubret, écrit dans son bulletin : « Quelques points noirs, et non des moindres, vont assombrir la saison de chasse. La prolongation de la vénerie sous terre du blaireau n’aura pas lieu, la disparition de la martre et du putois de la liste des nuisibles ou encore l’interdiction de l’agrainage sur le canton de Bourg-Argental… » Précisons pour mieux comprendre que la vénerie sous terre consiste à arracher de son terrier, avec des pinces, un blaireau. L’an passé, la saison avait été allongée. Pas cette fois, probablement à cause de ces salauds d’écolos. Quant à l’agrainage, il consiste à alimenter artificiellement des sangliers pour mieux les abattre ensuite. Les sangliers sont devenus si nombreux – 700 000 en France, au moins – que la situation est désormais hors de contrôle. Bravo les agraineurs !
Du côté des chieurs, l’Association pour la protection des animaux sauvages « ASPAS » (1) mène campagne pour l’interdiction de la chasse le dimanche, qui concentrerait 60% des accidents de chasse. Selon l’association présidée par Pierre Athanaze, « trop souvent, des chasseurs interdisent les chemins, posent des pancartes menaçantes, agressent parfois verbalement les autres usagers de la nature, sans aucun esprit de partage ni de respect ». L’ASPAS a recueilli près de 270 000 signatures qui feront de jolies guirlandes dans les bureaux d’Ayrault et de la ministre de l’Ecologie Batho.
Abolition des bouffeurs d’Ortolan
Una autre association écolo, la FRAPNA (Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature) du Drôme lance une idée plus radicale (2), sous la forme d’un « Manifeste pour l’abolition de la chasse de divertissement ». Est-ce bien une manière de tromper l’ennemi ? Bien possible, car la chasse toute entière, en France, est devenue un simple et pur divertissement. Emmenée par l’excellent naturaliste Roger Mathieu (3), la FRAPNA n’y va pas avec  le dos de la cuillère, écrivant fort justement : « Les premiers militants qui ont demandé l’abolition de l’esclavage ou de la peine de mort étaient des sacrés utopistes […] Nous sommes conscients d’entreprendre un travail de longue haleine face à un des lobbies français les plus puissants. Mais le public admet de moins en moins le fait que l’on puisse traquer, faire souffrir et tuer un animal sauvage pour se divertir. »
La fin de la guerre n’est pas pour demain. Début septembre, des membres de l’association Allemande Komitee gegen den Volgelmord – le Comité contre le massacre des oiseaux (4) – ont libéré de leurs cages des ortolans piégés illégalement dans les Landes. Avant d’être expulsés du département – vive l’Europe ! – par le préfet. Strictement protégé en France, l’ortolan a disparu de dix-sept départements entre 1960 et 1990. Miterrand s’en fichait qui raffolait d la petite bestiole de 25 grammes. Emmanuelli, député des Landes, continue de défendre, sans se gêner, les braconniers. Et Juppé, maire de Bordeaux, qui en bouffait aussi volontiers, parlait, pour se justifier de « rite typiquement landais ». Le temps de l’esclavage et de la peine de mort est devant nous.
 

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